Découvrez Joëlle Lega mûe par cette volonté d’une vie meilleure, plus respectueuse du Vivant et faisant le pari de la force du collectif au sein de la Coopérative du Grand Enclos.
Belle découverte
Joëlle Lega, un retour à sa propre nature
Bonjour, je m’appelle Joëlle. Qui suis-je ? Quel est mon parcours à travers Terre et Conscience ? Quels sont mes projets ? Petit exercice de mise en perspective. Remettre en lien le passé avec le présent pour regarder devant, me mettre en lien avec le Vivant, me mettre en lien avec vous, l’idée me plaît.
Joëlle Lega, qui es-tu?
Je suis psychologue. C’est une vocation. L’Humain m’a toujours intéressé et je me sens profondément liée à lui. Mais l’Humain, c’est aussi une implication personnelle profonde et intense, un lien qui habite, parfois déménage. Quand les murs tremblent, que l’habitat de l’Homme est devenu enfermant, la Nature m’a redonné le souffle. La Nature non-humaine, celle des arbres, de la Terre, des alpages, du minéral puissant, au-delà des horizons et des saisons.
J’ai donc ainsi composé pendant longtemps dans une sorte de garde alternée entre l’humain et le non-humain non sans un certain inconfort de manque d’unité. Jusqu’à me retrouver au printemps 2014 dans une petite chèvrerie en Drôme. J’y ai rencontré des humain.e.s extraordinaires, des animaux jusqu’alors inconnus pour moi et un travail de et avec la Terre. J’y ai rencontré des regards décalés, des âmes vagabondes, des questions, le doute et la joie d’une certaine simplicité. J’y ai rencontré une ouverture décisive en moi-même : comment réunir mon intérêt pour l’humain et mon besoin de revenir à la terre, près de chez moi, sur mes terres, reliée à mes racines ?
Le parcours de Joëlle chez Terre & Conscience
En 2015, je ressors d’une conférence de Pablo Servigne profondément reliée à mes intuitions : il faut changer quelque chose. De l’installation de parcelles à cultiver dans mon petit jardin urbain à l’installation de bacs des Incroyables Comestibles dans mon quartier, des mardis printaniers à aller aider David, maraîcher à Grez-Doiceau, je m’intéresse à la formation en écopsychologie organisée par Terre et Conscience. Je ne ferai finalement jamais cette formation, reportée puis en liste d’attente. Mais le feu est en moi. En mars 2019, je m’inscris à la formation en écorituels. Je plonge en zone inconnue. Des bourgeons encore insoupçonnés réclament le soleil de ce nouveau printemps. Je plonge dans la nature symbolique.
Depuis plusieurs années, depuis Pablo Servigne sans doute, l’idée d’un lieu de vie plus sobre, autonome, résilient m’habite. Mon regard sur l’humain ne cesse d’évoluer. Je m’interroge sur le sens de mon métier, sur les conséquences de notre système sur la santé mentale de mes semblables. Et sur la mienne. Je me surprends parfois à me regarder comme une plombière de la société. Si nos conditions de vie ne changent pas, si nous continuons à détruire, à consommer avec frénésie, sans conscience de nos actes et sans reconnexion à la toile du Vivant, alors l’humanité va droit vers la folie. Engagée depuis près de 30 ans dans un secteur qui soutient les droits des femmes puis engagée dans l’accompagnement des adolescent·e·s, j’ai une conviction profonde dans le mouvement de l’émancipation et la construction d’une pensée libre et critique.
Je veux croire que ce libre-arbitre peut encore s’apprendre et qu’il est possible de s’émanciper du dictat consumériste. Mais pour cela, il faut en revenir à la Nature. La sienne, propre, mais aussi celle avec laquelle nous sommes toutes et tous en interdépendance, celle des arbres, de l’eau qui coule, des abeilles, des vers de terre, du chant matinal des oiseaux. Embarquée dans cette prise de conscience grandissante, je rêve d’une vie après, d’une autre expérience de vie. Je rêve de ce lieu d’expérimentation, plus sobre, plus fort.
Pour après ma vie avec la famille, après le temps des enfants. Et alors qu’il est encore bien trop tôt pour l’envisager, un lieu se présente à nous. Une petite ferme laitière familiale au cœur de l’Ardenne : la ferme du Grand Enclos. Sabine et Jean-Pierre y ont installé leur petite oasis familiale depuis une vingtaine d’années. Mais Jean-Pierre, est mort et Sabine n’a pas la force de continuer seule. Alors nous lui rendons visite et notre cœur s’accroche instantanément à ce lieu.
La formation de Joëlle en potager naturel
Peu de temps après je démarre la formation en potager naturel de Terre et Conscience avec Fabrice et Muriel. Après des années de jardinage intuitif, d’expériences heureuses et moins heureuses, j’aspire à formaliser certaines connaissances et à bénéficier d’une transmission les mains dans la terre. La pandémie vient bousculer notre processus formatif, notre groupe se réduit, se resserre, se relie autour de cet amour de la terre et du végétal. La nature est grandiose en ce printemps 2020. L’humanité, elle, est en état de sidération.
À la souffrance, des hommes et des femmes, au silence d’une vie industrielle presque à l’arrêt, se présentent les murmures inédits d’une vie animale en plein cœur des villes. À la conscience endormie des urbain·e·s chantent les mélodies d’une nature qui reprend ses droits. Le réveil est aussi douloureux qu’il n’est enchanteur. Notre petit groupe de formation se penche sur le sol, les mains dans la terre, les rires dans le vent. Et cahin-caha nous traversons les nouvelles affolantes du monde des Hommes par souffles interposés de la poésie du jardin.
Et la Coopérative du Grand Enclos ?
À cette même période, notre roulotte vient se poser à la ferme du Grand Enclos. Les statuts de la nouvelle Coopérative sont officiels. Nous sommes une quinzaine de fondateurs et fondatrices, tissage improbable des membres de la famille de Jean-Pierre, des ami·e·s et client·e·s de la ferme, d’un comédien gembloutois et de deux Néo-louvanistes, nous. Un rassemblement de citoyens et citoyennes, inconnu·e·s jusqu’alors, mais mû·e·s par cette même volonté d’une vie meilleure, plus respectueuse du Vivant et faisant le pari de la force du collectif. La ferme du Grand Enclos devient la Coopérative du Grand Enclos. La reprise du troupeau, de la production laitière et de notre implication dans le Réseau Paysan est notre priorité ; celle de la gouvernance partagée et du collectif dans ses pas.
Personnellement, je rêve de ce jardin à inventer. Le Grand Enclos est lové dans une douce vallée orientée plein sud. Pour les urbain·e·s que nous sommes, resté·e·s relié·e·s au mouvement du soleil, de son lever à son coucher, au cycle de la lune, aux constellations, aux envols des grues est une reconnexion apaisante et essentielle dans notre rapport au monde. Sur une petite parcelle de prairie, j’applique la technique agroécologique des patates-carton. Depuis que j’ai écouté avec passion Xavier, intervenant dans la formation en jardin naturel, j’ai compris la vie du sol, sa beauté, son égale importance à ma vie sur Terre.
Je veux en prendre soin. Mes gestes de potagère allient désormais production et aggradation. Le jardin devient à mes yeux un lieu d’observation, d’émerveillement, de vies partagées. Ce que la nature m’offre, j’ai le souci de le lui rendre. La notion de potager se métamorphose en moi. Il intègre dorénavant un lieu beaucoup plus complexe et riche, le Jardin. Fabrice, Muriel, Xavier m’ont offert ce regard plus grand. Et c’est avec cette conscience que je veux maintenant me lier à la Terre.
« La coopérative du Grand Enclos se veut un endroit de vie coopératif visant l’autonomie notamment par la production d’une alimentation biologique de qualité et le développement de l’agroécologie. La Coopérative du Grand Enclos a pour but de participer à un mouvement collectif plus vaste de changement en étant créatif pour expérimenter la transition, le partage, la solidarité, l’accueil, la gouvernance partagée et le développement de circuits courts tout en offrant une place à l’art et à la vie intérieure. »
La Tribu T&C : Joëlle Lega
joelle_lega@yahoo.fr
Coopérative du Grand Enclos
https://www.cooperativedugrandenclos.be/
Jardins des Liens – matériel d’animation nature – atelier Permaculture Potager – etc
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